Blasons et Armoiries de Calavanté
« De la toar « caillaouatera » aux raisins seigneuriaux de Calavanté »
De Tournay nous est parvenue une curieuse demande d’identification de ces armoiries, qui selon notre correspondant seraient celles des seigneurs de Boucarez qui, propriétaires de ce territoire réputé pierreux (caillaouatero) en auraient loué les pacages aux autochtones.
Présentons-en tout d’abord l’ensemble :
« Ecu à bande bleu d’azur à fleurs de lys d’or, encadrée par deux étoiles du mesme.
A dextre, sur fond d’argent, une grappe feuilletée de sinople de raisins.
A senestre, sur fond bleu, une tour de sable sur colline de blocs pierreux. »
Nous avons ensuite recherché dans les précieuses notes laissées par le paléographe Jean Larcher, ce qu’il
avait pu découvrir au sujet de cette famille. Hélas ! Nous n’y avons trouvé que la très courte notice suivante :
« Calaouanté, 206 hectares environ, inscrits dans les titres de propriété d’une famille de Boucaretz ou Boucarets ».
Aucune mention d’arbre généalogique et par suite d’armoiries.
Fort heureusement un album d’héraldisme, qu’il nous fut permis de consulter, signale au chapitre Guienne, une famille dite de Boucarez s’honorant d’un blason étoilé et fleurdelysé, où un château voisine avec des grappes de boucarès (cépages de raisins noirs).
Ainsi donc il est permis de supposer que le seigneur de Boucarez, mentionné pour avoir loué comme pacages 13 hectares 45 ares de landes de Calavanté (XVIII me siècle) appartint à la famille précitée, et qu’il orna du blason susvisé le portail du castel édifié sur l’élévation de 380 mètres d’altitude où se trouve le village actuel. Castel qui dut être le témoin de quelques petits combats où les Calavantésiens gagnèrent le surnom de Patacayrès giorious, mentionné dans une vieille histoire.
Terminons en signalant la très amusante histoire de « la Lounqua noueyt dé Calavanté » qui a été évoquée lors du dernier journal communal.
J.V
Autre définition de Calavanté
Installée sur un éperon perpendiculaire au versant occidental de la vallée de l’Arrêt-Darré (altitude 370m), la commune porte un nom de lieu roman pouvant venir du mot casal abanté, «le casal oriental », le casal désignant une unité d’exploitation au Moyen Age. Possédant les vestiges d’une belle construction de XVIII eme siècle (« les cheminées »), ruinées par l’orage de grêle de 1936, la commune qui a connu un déclin de population presque continue depuis 1851 est revivifiée par la venue de nouveaux habitants.
N. Rosapelly, la légende de Calavanté, En courné det houec
Les Cheminées de Calavanté
Il y a toujours quelques curiosités dans chaque commune de notre département et point n’est besoin d’être spécialiste pour s’y intéresser l’enseignant qui étudie le milieu local est le mieux placé pour cela.
C’est en recherchant dans les communes proches de TARBES les castramétations dites “mottes féodales” dont il subsiste encore un grand nombre dans nos régions malgré l’action intensive des bulldozers qui en détruisent quelques unes chaque année, que le hasard de notre périple nous amena à traverser le village de Calavanté, situé à une dizaine de kilomètres au. Sud Est de TARBES. Comme dans tout archéologue, il y a un ethnographe en alerte, nous voulûmes voir si quelque chose sortant de l’ordinaire y méritait notre attention. Une paire de clés, sans doute celles du paradis, vigoureusement sculptées dans le bois de la porte de l’église, nous sembla mériter une photographie :
Et nous allions poursuivre notre chemin, quand l’un de nous signala qu’il y avait non loin de là une bâtisse en ruines autrefois connue comme étant le château, mais que les villageois désignaient plus couramment aujourd’hui par l’appellation ”les cheminées”. Nous ne pouvions nous dispenser d’aller les voir.
De cette grande maison à un étage et à combles, sans doute habitables, il ne reste debout que les pignons avec leur cheminée :
Le reste n’étant plus que gravats et enchevêtrements de poutres au trois quarts pourries, jonchant le sol, parmi lesquels une végétation déjà ancienne a pris place. Les pignons renforcés par les contreforts que forment les solides maçonneries des conduites de fumée ont seuls résisté aux assauts des intempéries et se profilent dans le ciel avec ostentation.
En fait, le château n’avait été qu’une importante maison sans doute de belle apparence si l’on en juge par les encadrements de portes et de fenêtres dont les éléments en lumache, dite aussi pierre de Lourdes, gisent en tronçons au pied du mur. Les propriétaires de cette demeure devaient jouir d’une parfaite aisance, comme l’indiquent les importantes dépendances, dont le pressoir à raisins qui, paraît-il, était à l’usage de tous les gens du village.
Nous aventurant à travers le fouillis rébarbatif qui gênait notre avance dans ce qui fut peut-être un accueillant salon, nous pûmes constater que les pignons encore dressés pourraient, s’ils étaient conservés dans leur état actuel, montrer à la postérité un type de système de chauffage d’un temps révolu . En effet, presque intacts, sur chacun des pignons se voient les âtres du rez-de-chaussée et du premier étage. Les cheminées y sont complètes, elles ont encore leur tablette, leur linteau et leur jambage en bois de chêne, et au fond du foyer leur contre-coeur en grès mollassique décoré de sculptures géométriques :
Le manteau d’une cheminée montre un étalement de fleurs peintes sur le plâtre à la façon de fresque dont les couleurs apparaissent toujours vives. Des vestiges d’un même décor se remarquent, si l’on regarde bien, sur les murs qui voisinent :
De quand datent ces reliques ? On peut sans grand risque d’erreur penser qu’elles sont de la fin du XVIIIe siècle ou du tout début du siècle suivant. C’est ce qu’inspirent les cannelures creusées dans les linteaux et les jambages des âtres. C’est aussi ce que laisse croire la présence des contre-coeurs en grès, c’était une pratique assez répandue à la fin de l’Ancien Régime en pays de Bigorre, dans les demeures d’une certaine importance. Généralement, ils n’étaient qu’une simple dalle au contour mouluré. Ici, ils sont taillés en médaillon et agrémentés d’une image en relief.
Il suffirait sans doute d’une prospection d’archives pour reconstituer l’histoire de la maison aux cheminées de Calavanté, cela ne pourrait être notre propos. Toutefois, nous pouvons dire qu’elle ne fut pas la maison seigneuriale, puisque le seigneur de la paroisse était M. de CASTELBAJAC, baron de. Barbazan dont le château se voit encore dominant le village de Barbazan-Debat. Et nous avons voulu savoir par quel concours de circonstances cette belle propriété, autrefois prospère, se transforma en ruines nostalgiques. C’est en interrogeant un vieux calavantésien très attaché à son village, que nous eûmes la réponse à notre question.
L’évènement se produisit le 7 Juillet.l936. Ce jour là, une pluie de grêle particulièrement dévastatrice s’abattit sur la plaine de TARBES et ses proches environs. Les grêlons pouvaient dépasser 8 cm de diamètre et atteindre un poids de plus de 50 g. c’était de véritables projectiles d’un grand pouvoir de destruction. Il n’y eut pas assez de toiles de bâche dans tout le département pour couvrir provisoirement les maisons de la ville et de sa banlieue, dont les tuiles ou les ardoises avaient été broyées, il fallut faire appel aux départements voisins, et même à TOULOUSE. Ce fut un désastre pour les récoltes, la désolation pour les gens mal assurés.
Calavanté ne fut pas épargné, et sa plus belle construction resta sans toiture, le propriétaire étant dans l’impossibilité d’assumer les frais de réparations. L’inévitable se produisit, lentement mais sûrement, l’appartement vidé de ses meubles, devint les ruines et leurs cheminées que l’on voit aujourd’hui.
Nous devons ces renseignements à M. Armand BAZET, habitant de Calavanté, cousin des propriétaires de la maison aux cheminées. Il a bien voulu nous consacrer quelquels heures de son temps avec prévenance et gentillesse, nous l’en remercions sincèrement.
Sans être seigneurs, les propriétaires de la grande maison étaient les Messieurs” de la paroisse. Leur pressoir servait, nous l’avons dit, tous les paysans du village. Jusqu’à son abandon, c’était dans leur cour que s’installait l’orchestre qui faisait danser à la fête patronale.
En feuilletant le vieux cadastre de la commune nous eûmes rapidement confirmation de la chose. L’édifice appartenait en 1823 à un certain SABATHIE Jean-Pierre, le plus gros propriétaire du village avec une superficie de 24 ha 62 a 50 ca.
La maison elle-même était la plus grosse construction de la commune occupant avec sa cour une surface de 1840 m.
Tableau I : SUPERFICIE DES CONSTRUCTIONS DE CALAVANTE
(avec leurs cours)
Sources : Matrices Cadastrales
On constate à l’évidence que les constructions les plus nombreuses ont une surface 3 à 4 fois plus petite que le”châteaù” (moyenne 568 m2)
Il en est de même des seules maisons d’habitation comme l’indique le tableau 2.
1800 m2. . |
Entré 1100 et 1300 m2 |
500 à 1000 m2 |
100 à 500. m2 |
100 m2 |
1 |
2 |
11 |
20 |
2 |
Tableau 2 : REVENU IMPOSABLE SUR LES MAISONS D’HABITATION DE CALAVANTE
Sources. : Matrices cadastrales
Un seule maison appartient à la première classe, « Le château » elle représente 4,76 %du nombre d’habitations, mais son propriétaire paie 10,30 % du revenu imposable de la commune. Ceci confirme l’importance de l’habitation que l’état des ruines laissait: entrevoir.
C’est aussi en feuilletant les matrices cadastrales de 1823, que nous eûmes confirmation de la présence d’un foyer d’émigration d’habitants:de Calavanté à Villa Chabas, en ARGENTINE. On trouve en effet ,à l’occasion d’une mutation de propriété vers 1907, un Bazet Henri, professeur à Buenos aires. Bazet Amélie, Bazet François,Jean Marie ,Louis et Joseph, négociants, tous résidant à Villa CHABAS en Argentine. Ils ont joué un rôle dans l’acquisition de la maison au début du siècle. Le plan de la commune adapté du tableau d’assemblage du vieux cadastre permettra tout en se familiarisant avec ce village au siècle dernier de mieux faire connaître une source facile à consulter dans chaque mairie et non dénuée de qualités artistiques.
Dans cette petite communauté agreste, encore en 1939 on vivait le plus possible sur les ressources indigènes et 1’on se partageait sans difficulté les petits produits que la nature ou l’activité humaine pouvaient prodiguer. C’est ainsi que chaque année, après délibération du conseil municipal, se distribuaient les concessions annuelles, du ramassage des feuilles mortes, des déjections animales, et même des boues qui se formaient sous le tube d’évacuation des eaux usées du lavoir communal, lesquelles boues se vendaient comme engrais.
Il faut entendre M. BAZET raconter l’organisation de la vie de son village d’il y a moins d’un demi siècle, pour se rendre compte que les 98 habitants de Calavanté avaient des moeurs et un rythme d’existence resté identique à lui-même, sans changement, depuis plusieurs siècles.
R. COØUEREL
R. VIE:
Classes |
Nombre |
Evaluation d’après |
Revenu imposable par classes |
1 |
.1 |
20 |
20 |
2 |
: |
15 |
75 |
3 |
6 |
10 |
60 |
4 |
.7. |
5 |
35 |
5 |
2 |
2 |
4 |
TOTAL |
21 |
|
194 |
En lien ci dessous vous decouvrirez la constructiuon du Viaduc de l'arrêt darré et le beau chateau de Mauvezin.